Une image est avant tout un message pour autrui, un double, un simulacre. Elle fait apparaître présent ce qui est absent. D’ailleurs imago chez les Romains désignait le moulage en cire du visage du mort. Chez les Grecs, c’est le mot eidolon qui donnera le mot idole qui primitivement renvoyait aux fantômes des morts et qui plus tard va prendre un nouveau sens, celui de portrait. L’image serait donc une reprise sur la mort, un symbole et pas une simple copie. Et comme la symbolisation est une capacité culturelle propre à l’homme, dans cette capacité à symboliser, il y a surtout une intentionnalité d’échanger. L’image est donc toujours un message pour autrui et pour alter-hui. Symbolon était ce morceau d’objet partagé entre deux personnes comme signe de reconnaissance et transmis aux générations suivantes. Il est ici ce qui me réunit aux personnes photographiées, un moment partagé, une image échangée et un message pour elles et sur elles-mêmes comme pour moi et sur moi-même.