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Chibanis
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CHIBANIS
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Mohamed a travaillé durement sur une chaine de fabrication de la 2CV si fier qu’il est d’en parler. Il trimballait dans sa 2CV une caisse à outils pour dépanner les clients de Citroën tombés en panne sur la route. Parce que ces voitures étaient pour lui ses enfants. Il est malade d’avoir trop travaillé et passe son temps à Belleville dans un café loin de son pays d’origine et de sa famille.

Les vieux travailleurs Algériens, Marocains et Tunisiens – les Chibanis, appelés ainsi en arabe pour leurs cheveux blancs – ont été une main-d’oeuvre indispensable des Trente Glorieuses. Les fruits de la prospérité leur sont inconnus. Ils n’osent à peine les demander. Ils sont maintenant des grands-pères mais surtout les parents pauvres de l’Etat providence. Autrefois indigènes dans leurs pays puis hommes du béton ou du fer, ils ont surmonté les épreuves de la guerre, du déracinement, les cadences infernales dans la métallurgie, de l’industrie automobile ou du bâtiment. Ils ont hérité du statut d’invisibles de la République. Depuis des décennies, ils vivent loin de leur pays d’origine et de leur famille dans des foyers ou dans des petites chambres d’hôtels. Certains sont même devenus des sans domicile fixe. Les Chibanis touchent une retraite de misère (moins de 600 euros en moyenne) car ils ont souvent travaillé sans avoir été déclaré. Certains d’entre eux se retrouvent dans des situations dramatiques actuellement poursuivies par l’administration pour ne pas avoir respecté l’obligation de résidence de six mois et sont même sommés de rembourser les aides sociales perçues.

En mars 2007, une loi a été portée par Jean-Louis Borloo alors ministre de la cohésion social sur le droit opposable au logement. Deux amendements inclus dans cette loi stipulent que l’assurance vieillesse ainsi que les prestations sociales peuvent être versées aux migrants s’ils décidaient de retourner définitivement dans leur pays d’origine. La publication des décrets d’application de cette loi n’est à ce jour, toujours pas en vigueur.

France, Paris – janvier 2013

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© Nicolas Wietrich